Je me suis rendormie et je me suis levée trop tard. Pas le temps de me faire chauffer de l’eau pour un thé. J’ai ouvert le frigo : les moufflets avaient sifflé toutes les îles flottantes et les compotes. Restait plus que des yaourts et j’ai horreur de ça. J’en ai avalé un quand-même, histoire de pas comater sous le pont.
Je suis arrivée au turbin pile à l’heure. Y avait déjà ce gros connard avec sa BM... Rien que de voir sa tronche et de sentir le yaourt qui passait de travers, j’étais à cran. J’ai enfilé délicatement mes gants en latex manière de pas me ruiner les ongles, et je l’ai regardé de bas en haut. " - Vous désirez ? - Bonjour Madame, je voudrais parler au chef d’atelier s’il vous plait. - En attendant qu’il arrive, c’est moi le chef d’atelier. Une minute, je reviens."
Henri était déjà à l’accueil. Queue de cheval, pull moulant gros sourcils, jolis biceps et boucle d’oreille : il me fait fantasmer celui-là. « - Alors Zezette ! Tu vas t’allonger sous une allemande aujourd’hui ? - Ta gueule Riton, va plutôt me chercher un café, sinon je tourne de l’œil. » Il s’est levé aussitôt avec un large sourire et je me suis attiédie.
Je suis retournée voir la BM. "Et pour monsieur ? Ce sera quoi ? Une petite vidange ?" |