café noir (petite fiction...)
Comme des papillons
les fleurs roses de l’amandier
meurent au printemps
Elise s’est levée avant le jour, elle a fait le tour du jardin, s’est arrêtée sous l’amandier qui commence à fleurir, est allée nourrir les poules.
Elle verse petit à petit l’eau de la bouilloire dans la cafetière en caillou au ventre rond et brun, qu’elle n’a jamais voulu remplacer, fait griller des tranches de pain devant la cheminée.
Au petit déjeuner, avec son mari, quelques mots sont échangés. La vache pourrait vêler cette nuit ou la prochaine.
Il part travailler dans la vigne, elle lave soigneusement les bols, range vaisselle. Elle change les draps, aère la chambre, passe l’aspirateur, met le linge dans la machine.
Bercée par le ronronnement du tambour, elle prépare une soupe de légumes, dispose des tranches de rôti froid dans une assiette, du fromage, un fruit, dresse un couvert sur la toile cirée.
Elle n’a pas eu d’enfant. Gilbert aurait aimé avoir un fils qui travaillerait avec lui.
Elle sort étendre les draps au soleil du matin. Ils sentent bon.
Dans l’étable elle prend la corde enroulée derrière un pilier et l’attache solidement à une poutre, la noue comme elle l’a vu faire dans les feuilletons américains. Elle se demande si son mari la trouvera avant midi. Le tabouret à traire est à la bonne hauteur.
Au moment où elle le fait basculer, elle a une pensée fugitive pour le chat qui est resté enfermé dans la cuisine.