La maison natale (Yves Bonnefoy)
Je m'éveillai, c'était la maison natale,
L'écume s'abattait sur le rocher
Pas un oiseau, le vent seul, à ouvrir et fermer la vague,
L'odeur de l'horizon de toutes parts,
Cendre, comme si les collines cachaient un feu
Qui ailleurs consumait un univers.
je passai dans la véranda, la table était mise,
L'eau frappait les pieds de la table, le buffet.
Il fallait qu'elle entrât pourtant la sans-visage
Que je savais qui secouait la porte
Du couloir, du côté de l'escalier sombre, mais en vain,
Si haute était déjà l'eau dans la salle.
je tournais la poignée, qui résistait,
J'entendais presque les rumeurs de l'autre rive,
Ces rires des enfanst dans l'herbe haute,
Ces jeux des autres, à jamais les autres, dans leur joie.
(extrait...) "Les planches courbes" Yves Bonnefoy - poésie gallimard