Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes
Petite fiction ordinaire
Elle
était à demi allongée sur le canapé. Des étoiles dans les yeux. Nous avons bu
le café…
Je lui
ai demandé avec qui elle avait déjeuné mercredi. Elle a ri. Elle a dit qu’elle
avait sa vie, que ça la regardait. J’ai insisté. Elle a refusé de répondre.
Dis-le-moi ! Si tu ne dis rien c’est que tu as quelque chose à cacher ! Elle a
répondu qu’elle n’avait rien à cacher et que si elle avait quelque chose à
cacher justement elle n’allait pas me le dire, que je devais la prendre comme
elle était ou pas du tout. Qu’elle ne supportait pas mes questions
continuelles, que ça la fatiguait. Mais dis-le-moi bon sang, où étais-tu
mercredi ? J’ai hurlé. Elle a crié que ça suffisait maintenant, qu’elle était
contente à l’idée de me voir et que je gâchais tout comme d’habitude. J’ai
envoyé valser les tasses de la table basse. Qu’est-ce que je suis pour toi, tu me
prends pour quoi ? J’ai déchiré le livre sur le canapé. J’ai fait basculer par paquets les livres de sa bibliothèque, je
les ai lancés sur le sol. Elle me regardait sans bouger, froide. Distante. Étouffé de rage, j’avais du mal à parler. Dis quelque chose ! Peut-être
avait-elle envie de se jeter sur moi. Elle ne pouvait pas.
Elle
m’a dit de partir, et tout de suite. Il y avait de la peur dans sa voix.
Je
suis parti. Ma princesse, mon adorée. Est-elle assise sur le tapis ?
Pleure-t-elle ? Ses beaux yeux rieurs, ses lèvres. Toujours prête à dire un
mot pour rire. Ma princesse.
Ce soir, elle ne sortira pas, elle ne dînera
pas avec un autre.
J’ai emporté les roues de son fauteuil roulant.